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 Al Berto

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Dobby
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Dobby


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MessageSujet: Al Berto   Al Berto Icon_minitimeMer 24 Juin 2009 - 22:08

Citation :
Un des grands poètes portugais du XXe siècle (1948-1997), l'un des plus populaires aussi

Né en 1948 à Coïmbre, sous le nom d’Alberto Pidwell Tavares, le poète a passé son enfance à Sines (Alentejo), ville qu’il a évoqué dans Mar de Ceva (1968). D’abord étudiant aux Beaux-Arts, Al Berto a quitté le Portugal pour la Belgique. Il n’est revenu à Lisbonne qu’en 1975, ville où il est mort 22 ans plus tard. Al Berto était poète, peintre, libraire, rédacteur littéraire, traducteur. Al Berto collabora à diverses revues et publia plusieurs recueils de poésie, influencés par Rimbaud et Genet, mais aussi par par les mouvements libertaires et par la génération beatnik américaine.

Un poète découvert cet année avec La lettre à l'ami, une des trois lettres de la mémoire des Indes, lettres de suicide du poète.
(Bon, c'est pas joyeux mais c'est beau quand même)

Citation :

Je vais partir
Comme si c’était toi qui m’abandonnais

Le dernier rêve que j’ai eu était étrange
Je voyais le fond limpide d’une rue étroite
Qui débouchait sur une place illuminée
Il y avait des lions empaillés sur le sable des allées
Je ne me souviens pas bien
Il me semble qu’une femme s’avançait, une enveloppe à la main
Elle me la tendait et criait
Mais je n’arrivais pas à comprendre
Elle m’insultait très probablement
Elle avait la face cachée par une toile blanche et brodée
Je voyais juste s’ouvrir sa bouche énorme
Et avaler furieusement la pourpre de l’air
Qui entourait les têtes inclinées des lions
J’entendais les klaxons nerveux des autos
Exactement comme on les entend aujourd’hui
Mais je ne parvenais pas à les voir
Puis
Un garçon apparaissait à un coin et je t’ai reconnu
Une voix gravée dans la mémoire nous accompagnait
Quand nous nous dirigions l’un vers l’autre
Dans une chambre lente
[...]
Soudain la voix a cessé
J’avais dans la main une quantité de comprimés mortels
Puis la voix s’est faite entendre à intervalles irréguliers 
[...]
Quand la voix s’est tue la femme riait
Je courrais vers toi sans pouvoir te rejoindre
Je me suis assis sur le lit
Du fond des âges m’est revenu le moment de notre rencontre
J’ai décidé de me lever à minuit
Et de t’écrire cette lettre

Je me souviens qu’il y a trois jours nous avions faim
Posé contre le marbre de la table de nuit
La photographie somnolait à côté du paquet de gauloises filtre
L’obscurité n’était pas seulement extérieure
Nous nous connaissions par le toucher et pas l’odeur
Nous nous confondions en murmures
Et tu resplendis encore dans l’obscurité des chambres où nous avons dormi
Nous croisions des regards complices
Nous parlions beaucoup je ne me souviens pas de quoi
Et dans la chaleur de nos corps le désir croissait
Nous marchions dans la ville
Je mettais les mains dans les poches
Où je farfouillais tout ce que j’y conservais
Un mouchoir une boite d’allumettes un bloc-notes
Je me sentais heureux de ne posséder presque rien
L’image bleutée de tes mains flottait devant moi
Tu gesticulais pour me dire que nous étions vivants
Et passionnément épris
Je t’écris
Dans mon corps je sens un frisson un vertige
Qui remplit mon cœur d’absence et de saudade
Ton visage est semblable à la nuit
L’étonnante nuit de ton visage !
J’ai couru au téléphone mais je ne me souvenais pas de ton numéro
Je voulais juste entendre ta voix
Te raconter le rêve que j’ai fait la veille et qui m’a terrorisé
Je voulais te dire pourquoi je pars
Pourquoi j’aime
T’entendre dire qui est à l’appareil ?
Et le courage qui me manque pour répondre et raccrocher
Ensuite j’ai tourné dans la maison comme un fauve an cage
La nuit est devenue pathétique sans toi
Ça ne rimait à rien de penser à toi sans se précipiter dans la rue
Courir à ta recherche
Parcourir la ville d’un point à l’autre
Seulement pour te dire bonne nuit ou peut-être te toucher
Et mourir
Comme lorsque tu m’as caressé ma tête et que je n’ai pu t’identifier
Malgré tout j’ai senti ta main je savais que c’était ta main
Mais je ne pouvais pas t’identifier
Oui
Parcourir la ville te rechercher même si tu t’éloignais
Même si tu ne me regardais pas
Même si tu me disais des choses qui me
Même si
Et avoir la certitude que ce sera toi qui me recherchera ensuite

Parcourir la ville le corps assoiffé
La nuit rongeant ma peau
Buvant dans mes veines le peu de forces qui me restent
Une lame tranchant l’asphalte somnambule
Où meurent les noms ambigus de corps sans sexe
Le venin agissant des pieds à la tête
Les mains inondées de pluie tâtant un sexe quelconque
Le sang la pluie le souvenir de ces jours si difficiles
La nuit violente qui macule des visages chagrins
Des visions de rêves encore non rêvés
Des images dilacérées de bouches couronnées de fleurs d’acier filé
J’entends à nouveau une voix et maintenant je ne rêve plus
Mais je t’écris
Et je l’entends encore en moi comme si elle était gravée
Et la bande du magnétophone usée d’avoir été trop écoutée 
[...]
Tu sais
Parfois je voudrais t’embrasser
Je sais que tu y consentirais
Mais si nous nous étions donnés l’un à l’autre nous nous serions séparés
Parce que les baisers effacent le désir quand ils sont consentis
Ce fut mieux de savoir l’ampleur de notre désir
Sans même oser toucher nos corps
Aujourd’hui j’ai de la peine
Je pars avec cette blessure
J’ai de la peine de ne pas avoir parcouru ton corps
Comme je parcours les cartes avec mes doigts j’aurais voyagé en toi
Du cou jusqu’aux mains de la bouche jusqu’au sexe
J’ai de la peine de n’avoir jamais murmuré ton nom dans l’obscurité
De ne m’être jamais réveillé
Près de toi les nuits étaient d’or
Et les mains auraient gardé la saveur de ton corps
Ah mon ami
Je suis définitivement seul
Je me suis préparé au grand isolement de la mort
Mais j’ai perdu ma peur
La folie me dévaste
Je prépare l’ultime voyage vers des Indes imaginées
On m’a dit que ce n’est que là-bas que l’on peut se reposer de la vie
Et de la mort
Je fouille la raison profonde de ce voyage
Ou peut-être est-ce déjà le voyage retour que j’entrevois
Et alors ça ne vaut pas la peine de partir puisque je suis déjà de retour
A mon insu/ A ton insu
J’hésite à te laisser par écrit davantage qu’un simple adieu
De quelque manière aussi loin que je me trouverai
Si tu poses ta main sur ma tête je le sentirai
Ce geste apaisera toutes mes souffrances
Le matin approche son couperet
J’entends des navires quitter le quai
J’affûte la lame
J’étends les voiles en agonie une lame de verre
Pour fendre les eaux imperturbables du jour sans boussole
Je détruis les lettres des papiers manuscrits d’autres vestiges
Je détruis les images qui m’appellent et veulent me retenir ici
[...]
Mais nous n’avons plus de nuit à dévoiler
Je me souviens
La ville est à chaque fois plus intime de notre séparation
Nous marchons dans des directions opposées
Ou mieux
Je marche tandis que tu n’existes pas
La nuit s’approche avec ses territoires d’ombres et de fables
Des pénombres tremblantes des sables effaçant des résidus de corps
Ton corps minuscule froidit à l’intérieur de moi
Quand les fauves s’éveillent dans les yeux je m’abandonne
A l’ocre boueux des terrains vagues
La voix me fait mal quand elle parvient aux lèvres
Les doigts pénètrent le métal et scintillent
Des coquilles ouvertes au sommeil
Où ai-je donc abandonnée notre passion ?

Un cristal flotte dans le souffre des villes lointaines
De longs cheveux de jade balaient ton visage
D’indéchiffrables végétations
Le rêve devient exotique quand tu ouvres les bras
Des fleuves majestueux surgissent sous tes paupières
Je pose ma tête sur eux je la laisse flotter
Une femme zigzague dans les couloirs de la maison
Je vois des vêtements épars sur le sol
La femme crie
Cours de long en large dans la chambre, injurie les appareils électroménagers
Ouvre le frigidaire
Jette les légumes congelés par terre et les piétine
Les écrase contre le mur et pleure
Rit prend une chemise rayée et la déchire en lambeaux
Recommence à courir
Entre dans la salle de bain et ouvre tous les robinets
Ouvre toutes les fenêtres et rit
Et lèche les vitres sales
Verse du sucre dans le téléphone
Et pisse sur les pétunias en plastique fluorescent
Mais tout ceci s’est passé il y a très longtemps dans un autre lieu
Dans un autre corps

Je me tourne vers le sud de nos corps et je découvre une île
Je parcours les lents chemins du tabac et je découvre
L’or vieilli des sentiers alchimiques
Les sinueux mystères de la soie et du poivre les grandes routes
Du vent je bois l’âpreté de la vie errant
Où la femme dort tranquille dans le désordre d’une chambre

Le téléphone sonne obsessionnellement sonne
Un corps translucide surgit du papier où je t’écris
L’eau des cris répétés se révèle à moi
Une tache de lumière tombe sur mes lèvres closes
Je me cherche dans la cendre silencieuse de ta mémoire
Dans la maison traversée d’échos et de départs de feux je respire
Difficilement j’entends le bourdonnement des boules de flipper
La chambre se peuple de visages aériens de regards mécaniques
De flocons d’air en forme de serres
Qui se défont en filaments terreux
La femme avance sous le poids de la tempête
Ici il continue à pleuvoir
Le flacon de barbituriques me raconte le suicide raté
La femme a ton visage ou le mien je ne sais plus
La lumière parcourt ton corps dénudé
Il fait nuit depuis très longtemps
Je fixe un point invisible au mur je suis assis sur le lit
Je t’écris
Et j’ai la certitude que personne ne sera capable
De me voler ma mort
Parce que j’habite ce pays liquide par erreur
Et j’ai du mal à imaginer le sommeil hors de mon corps
Si tu veux viens dormir contre moi viens
Nous rêverons un pays fabuleux tout près du cœur des arbres
Viens
Avant que le corps se convulse dans le froid sans dieu et la folie

Il fait presque jour
Au-dehors les avenues restent désertes
[...]
Les funiculaires jaunes sont déjà passés et les mains ne sont plus miennes
Elles sont avides
Avides de nudité
Mais je vais partir te laisser là
Comme si c’était toi qui m’abandonnais
Voyages avant l’aube partir
Loin de ces jours inutiles
Moi
Pauvre de moi
Navigateur de la nuit proche de la mort
Je vais embrasser dans le sang les songes d’un peuple qui ne rêve pas
Moi
Archipel de cendres océan du néant
Je pars les veines gonflées et je pense que ça n’en vaut peut-être pas la peine
Mais je pars
J’ai besoin de trouver le lieu sûr de notre amour
Veux-tu m’accompagner ?
J’aperçois déjà la hune d’inquiétantes enluminures de visages de noyés
Des mains anciennes comme des rochers des poissons fanatiques
Des bouches tourmentées et la tienne mordante
Le cordage rongé par le sel
Ah mon ami
Voici la souffrance de mes lèvres gercées par l’écume océane
Voici mes ongles malades protégeant mon sexe ouvert
Contre les moussons les vents contraires les vagues déferlantes

Je vais t’abandonner du côté clair de la nuit
Où le temps est un filet de lumière déchirant l’épaisseur du corps
Je vais partir
Avec ces taches de fruits pourris sur le cœur
Je vagamonde pour toujours
Dans un corridor de miroirs intemporels je te laisse le songe
Où déjà ne brûle plus aucun visage aucun nom
Aucune voix des ténèbres muettes
Aucune passion

Je t’abandonne au-delà de la ligne nette du matin
Où l’on dit que tout existe se transforme et continue à vivre
Loin
Très loin de cette innocente mémoire des Indes
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Wilwarin
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Wilwarin


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MessageSujet: Re: Al Berto   Al Berto Icon_minitimeJeu 25 Juin 2009 - 15:45

J'aime pas trop. Déjà la poésie traduite j'trouve que ça tombe souvent à plat, et puis là, le découpage, le vocabualire, tout en fait, ça ne m'accroche pas.
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Al Berto
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